Villeneuve Demain, l’éco-conception pour une maintenance verte

Le projet du technicentre Villeneuve Demain (Val de Marne) financé par Île-de-France Mobilités vise à moderniser des installations dédiées à la maintenance et la réparation des matériels roulants très récents des lignes D et R (REGIO2N et RERNG). Le site sera entièrement opérationnel à fin 2027. Un projet doté d’un Programme technique et d’un programme environnemental dédié qui explicite l’ensemble des exigences à respecter afin d’atteindre le niveau d’excellence fixé par la SNCF en termes de performance énergétique, d’impact carbone, d’utilisation de la ressource en eau, de biodiversité et de santé et bien-être des salariés. Un programme sans précédent que nous expliquent Irina Manole et Laurane de Gendre, respectivement directrice et référente développement durable et responsabilité sociétale et environnementale du projet Villeneuve Demain de l’Agence Projets Grand Villeneuve.

Découvrez l'interview croisée d'I. Manole et L de Gendre
 

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste ce projet écoconçu et quelles sont ses principales ambitions environnementales ?

Irina Manole : Le projet "Villeneuve Demain" vise à moderniser ce qui sera le plus important centre de maintenance ferroviaire français en intégrant des pratiques environnementales et sociétales de pointe. Notre objectif est de créer un site respectueux de l'environnement, économe en énergie et qui respecte les principes du développement durable*. Nous avons élaboré un programme technique et un programme environnemental dédié intégrant des critères environnementaux dès la phase de conception du projet, alors qu’il est habituellement inscrit dans un programme technique plus vaste. Ces critères représentent 20% de la note globale pour les entreprises soumissionnaires. L’ambition environnementale de Transilien SNCF Voyageurs se retrouve ainsi dans tous les aspects du projet. 
Laurane de Gendre : Pour atteindre notre objectif, visant donc à créer des bâtiments écoresponsables, nous avons défini six grandes thématiques qui se déclinent en actions : l’énergie, l’eau, le carbone, le climat, la biodiversité, la santé et le bien-être des salariés. Ce dernier volet de la responsabilité sociétale et environnementale est un autre fil conducteur du projet. Améliorer la qualité de vie des personnes qui travaillent dans ces locaux est une des volontés fortes de Transilien SNCF Voyageurs et de ses financeurs. Par ailleurs, l’ensemble des entreprises intervenant sur le chantier doivent intégrer des personnes en situation d’insertion dans leurs équipes. Plus de 160 000 heures d’insertion devront être réalisées d’ici fin 2027.

Pouvez-vous nous donner des exemples concrets des mesures prises pour réduire l'impact social et environnemental du projet ?

Irina Manole : Nous nous sommes engagés, notamment vis-à-vis des parties prenantes et des villes que nous traversons, à minimiser le nombre de camions sur les routes en favorisant le transport ferroviaire pour l'approvisionnement et le fluvial pour l’évacuation (par convoyeur et barge). Cela nous permettra de diviser par deux les flux de camions annoncé en 2024, ce qui est une avancée très significative pour l'environnement, rendu possible grâce à notre financeur Île-de-France Mobilités qui vient de confirmer ce nouvel effort financier. La création d’une centrale béton sur site permet aussi de réduire à zéro le nombre de camions toupie sur les routes. 
Laurane de Gendre : Nous avons favorisé le réemploi et le recyclage des équipements déconstruits et nous en faisons bénéficier les territoires, grâce à la création d’une ressourcerie. Radiateurs, toilettes ou autres luminaires ont ainsi pu être acquis par les habitants pour une faible somme. Par ailleurs, toute la partie béton désamiantée sera concassée et réutilisée sur place pour la construction, ce qui réduit encore notre empreinte carbone. Nous avons imposé des exigences techniques strictes pour favoriser la biodiversité et réduire notre consommation d'énergie et d’eau en installant plus de 5 000 m2 de panneaux photovoltaïques et 4 000 m2 de toiture végétalisée intensive, ou encore en alimentant l’ensemble des postes de consommation d’eau non potable par récupération des eaux pluviales.

En quoi ce projet est-il innovant ? 
Laurane de Gendre : Le projet Villeneuve Demain est une première au sein de SNCF car il est doté d’un programme environnemental et développement durable dédié. Cette distinction permet un suivi accru des ambitions de la maîtrise d’ouvrage et induit que le projet doit atteindre un niveau d’excellence particulièrement élevé dès la conception du site. Une première d’autant plus admirable qu’un centre de maintenance reste peu visible du grand public, alors qu’il contribue largement à améliorer la mobilité préférée des Franciliens. 
Irina Manole : C’est pour nous très important de partager avec l’ensemble de nos collègues de SNCF afin que chacun puisse s’inspirer de ce que nous avons imaginé et qui sera mis en œuvre.

* Le développement durable s'appuie sur trois piliers fondamentaux : l'économie, avec une croissance économique équilibrée dont les impacts sur l'environnement sont maîtrisés ; l'environnement, avec la protection de la biodiversité et la réduction des émissions de gaz à effet de serre ; le développement social, avec la mise en œuvre d'une qualité de vie décente pour tous les êtres humains et un accès renforcé à l'éducation et à la santé.

Infographie Villeneuve demain