Interview d'Antoni Chan, professeur à l'Université de Hong Kong

Gares : ITW d'A. Chan professeur à l'Université de Hong Kong

 

La synchronisation des flux de voyageurs et de trains est un des principes essentiels pour faire fonctionner un réseau de transport en « mass transit ». L’exploitation ferroviaire en zone dense est le quotidien du trafic ferroviaire en Ile-de-France, qui compte plus de 12 millions d’habitants. Au sein de SNCF, l’activité Transilien et la Direction Innovation & Recherche travaillent sur des systèmes de comptage innovants permettant de faciliter la gestion des flux. Il s’agit d’une réflexion commune à de nombreuses métropoles.
Suite à sa visite sur les emprises Transilien, Antoni Chan, Professeur à l’Université de Hong Kong et spécialiste du comptage des flux nous livre les potentiels de ce dispositif et les points de convergences qui existent entre l’Ile-de-France et les plus grands réseaux Mass Transit du monde.

 

Quelles différences et similitudes retenez-vous entre SNCF Transilien et d’autres réseaux asiatiques ?

 

Il existe des points de convergence entre SNCF et les opérateurs ferroviaires asiatiques en ce qui concerne l’utilisation de technologies innovantes pour l’amélioration de l’exploitation, de la maintenance des rames et de la satisfaction voyageurs. L’un comme l’autre investissent dans des projets de recherches de pointe avec des universités pour apporter une réponse aux problématiques terrain que connaissent les opérateurs. Ils ont également en commun de vivre une extension historique de leurs réseaux. Cependant, la montée en puissance du réseau de transport Transilien génère encore plus de problèmes de gestion des flux, parce que les gares et stations sont plus petites et plus vieilles qu’en Asie, et que les correspondances y sont plus nombreuses.

 

Quels sont les premières conclusions de vos champs de recherches pour parvenir à récupérer les données nécessaires à la connaissance et au comptage des flux ?

 

Je pense que le réseau de caméras actuel est un bon point de départ pour récupérer des données de comptage. On pourrait en ajouter dans les lieux actuellement non couverts. Lors de ma visite au sein des coulisses Transilien, nous avons également eu des échanges intéressants sur d’autres méthodes de récupération de données. L’une d’elles s’appuie sur le personnel en gare qui, avec une simple photo prise avec un mobile, une fois téléchargée dans le système, permettrait de connaitre le flux. En cas de zone saturée, une alerte serait envoyée automatiquement au responsable de la gare. Une autre possibilité discutée avec Transilien serait d’utiliser des drones : le personnel en gare pourrait s’en servir pour prendre en photo la foule qui converge vers la gare depuis la rue et ainsi prévoir le flux de voyageurs à venir à l’intérieur du bâtiment.

 

Comment et sur quels réseaux pensez-vous que ces comptages / données vont-elles pouvoir aider à anticiper l’exploitation en Mass Transit comme sur le réseau Transilien ?

 

Tout d’abord, un système de comptage automatique pourrait aider à la gestion à court terme de la foule en gare, dans un objectif de sécurité. Par exemple, cela pourrait aider à repérer précisément les lieux / espaces saturés et prévoir où les voyageurs vont se déplacer et si on a bien la capacité de les accueillir.
Ensuite, à plus grande échelle, le comptage des flux peut aider dans l’exploitation de nos rames en synchronisant les flux de trains et de voyageurs. Cela donnerait une vue d’ensemble du nombre de passagers qui patientent sur les quais de chaque gare et permettrait aux opérateurs d’optimiser les horaires de desserte. Ce système peut aussi aider en cas d’incident ou de forte affluence sur les voies, pour prendre les actions correctives idoines. Enfin, un système de comptage permet de connaitre finement la fréquentation des différents espaces de la gare (et d’adapter par exemple les horaires des agents en gare) ou pour les commerces (afin d’adapter les dispositifs publicitaires en fonction des passages des voyageurs)…

Photo : Alex Profit